Moins d’un mois avant que la France n’accueille la 22e édition des championnats d’Europe de cross. Les meilleures crossmen du continent planteront en effet leurs pointes dans le cadre grandiose de l’hippodrome d’Hyères-Toulon le dimanche 13 décembre. Cette fois encore, la grande fête européenne du cross-country promet un magnifique spectacle.

Nouveaux prétendants
Un an après la victoire du Turc Polat Kemboi Arikan et de la Britannique Gemma Steel à Samokov, en Bulgarie, l’impatience gagne du terrain. Depuis 1994, les championnats d’Europe ont vu en effet éclore ou triompher des légendes de l’athlétisme. Le Portugais Paulo Guerra, l’Ukrainien Sergueï Lebid (neuf fois vainqueur entre 1998 et 2010 !) ou les Anglais Mo Farah et Paula Radcliffe ont ainsi gravi la plus haute marche du podium. La nouvelle édition des « Europe » confirmera-t-elle les dernières tendances, où les places fortes de la discipline (Portugal, Grande-Bretagne, France, Espagne…) doivent désormais composer avec un bataillon de nouveaux prétendants, comme la Belgique ou la Turquie ?

Un peu de piquant
Les athlètes auront tout loisir de s’en expliquer sur le parcours de Hyères-Toulon, écrin habituel du cross international Hyères Méditerranée. « Le plus important pour nous est de mettre les athlètes dans les meilleures conditions, précise Samuel Bonaudo, qui dirige le comité local d’organisation. L’hippodrome est tout plat, au bord de la mer Méditerranée, mais nous avons voulu lui ajouter un peu de piquant. Nous avons donc acheminé sur le site 800 m3 de terre pour créer cinq buttes, plus deux camions de sable pour aménager un passage plus difficile pour les appuis. Les coureurs passeront en outre dans la pinède, avec des passages sinueux et des relances… Si le temps est avec nous, ce sera magnifique ! » D’autant que le nouveau tracé sera testé et évalué en direct lors du cross international du 22 novembre. Des améliorations pourront donc encore y être apportées en fonction des retours des athlètes.

Une terre de cross
De quoi égayer la journée des 34 délégations et quelque 500 coureurs attendus pour se disputer les places d’honneurs dans les courses seniors, espoirs (moins de 23 ans) et juniors (moins de 20 ans), en individuel comme par équipes. Autant d’athlètes qui pourront tabler sur le savoir-faire français en termes d’accueil des grandes compétitions internationales. Au-delà des Mondiaux 2003 sur piste, ou des tout récents Mondiaux de Trail d’Annecy en mai dernier, l’Hexagone fut en effet à plusieurs reprises le théâtre de grands moments du cross-country. En 1990, déjà, l’élite mondiale de la discipline se retrouvait à Aix-les-Bains pour la 18e édition des championnats du Monde. Quinze ans plus tard, l’hippodrome de Saint-Étienne - Saint-Galmier voyait triompher Kenenisa Bekele et la toute jeune Tirunesh Dibaba lors de la même épreuve, devant pas moins de 45 000 spectateurs. Un succès populaire rarement vu, mais qui s’appuie sur une réalité concrète : la France est terre de cross. Sa tradition plonge ses racines jusqu’à l’école, où le cross-country trône aujourd’hui comme la discipline la plus pratiquée. Chaque année, plus de 210 000 écoliers prennent ainsi part à un cross, au moins, avec leur classe. Chacun a son « souvenir de cross » …

600 bénévoles impliqués
Un paradoxe, toutefois : la France, qui cultive cette tradition depuis plus d’un siècle, n’avait jamais organisé les championnats d’Europe. Une anomalie bientôt corrigée grâce à l’implication sans faille des organisateurs. Le comité d'organisation de Hyères-Toulon est ravie d'avoir été choisi pour cet événement. « Ce fut une année intense, pressante, pour tout préparer, mais menée par des passionnés avec un gros soutien de la Fédération Française d’Athlétisme, commente Samuel Bonaudo. Aujourd’hui, accueillir la compétition est une fierté. C’est même l’excitation qui domine. On a hâte d’y être. » La remarque vaut pour les quelque 600 bénévoles qui œuvreront sur le site le jour J comme pour les athlètes, à l’instar d’Hassan Chahdi. Dix fois médaillé (dont cinq fois en or) sur la compétition, le Français perpétue la tradition des grand crossmen tricolores, d’Alain Mimoun à Driss El Himer ou Sophie Duarte, championne d’Europe 2013. « C’est vraiment bien pour le cross et pour l’athlétisme français de pouvoir accueillir ces championnats d’Europe, se réjouissait-il. Pour un athlète, c’est toujours une fierté de représenter son pays, et plus encore devant son public. Ça va créer un engouement autour de la discipline. La pression du public ? Pour moi, ce sera un boost positif, comme pour toute l’équipe ! » Au vu du niveau actuel du cross européen, ce soutien ne sera pas de trop le dimanche 13 décembre prochain.